mercredi 10 juin 2015

S'asseoir à une petite table au pied des bambous,
     oublier le journal de 20 heures
       et contempler...
Contempler le soleil qui lentement, très lentement descend à l'horizon.
Tout s'apaise...
Aucun souci, aucune agitation ne viennent troubler le jour finissant.
             Ciel, que c'est bon !

dimanche 22 juin 2014

Premier jour de l'été et toute la palette des verts se déploie, des plus tendres aux plus foncés. Cela rejoint une autre palette intérieure, tout aussi tendre. On a envie d'y goûter : saveur verte...
Un peu de bleu s'en mêle et d'autres couleurs encore.
Genèse d'un vaste tableau, d'un tableau gigantesque.
Oui, tableau pour géants dans lequel s'infiltrent des êtres minuscules : fourmis, coccinelles et tant d'autres... On contemple, on s'imprègne et cela change tout, jusqu'à la plus infime cellule du corps.
Où est le peintre ? — Nulle part, partout !

samedi 21 juin 2014

... Et la racine première pénétra dans la terre. Elle pénétra profond, profond, à travers le magma et jusqu'au centre. Elle y puisa une force, elle y puisa une nourriture qu'elle fit remonter à la surface et qu'elle distribua. La vie se propagea comme une onde bienfaisante.
Tout devint verdoyant. Un vrai bonheur !
Il y eut des fleurs de toutes les couleurs et puis des fruits, tant de fruits ! Odeurs et saveurs, tout se mêla.
Des animaux se mirent à gambader, un homme chanta.
Et tout cela se prolongea, et tout cela se prolonge encore et se prolongera dans une grande ivresse de la vie et tant que des racines pénétreront jusqu'au centre de la terre.

dimanche 11 mai 2014

Aller vers l'autre... lui tendre la main, engager un dialogue, engager un échange, comme ça, pour rien ou plutôt on ne sait pas pourquoi. Et pourquoi le savoir ?
Merveille de l'instant présent. Cela suffit. Je m'assied dans un rayon de soleil et cela suffit. Et c'est pareil pour la fleur qui éclot, pour l'oiseau qui prend son envol et la lègère brise qui se lève.
Passé et futur s'estompent. Une aube nouvelle apparaît.
Que chercher d'autre ?

Dehors...

Quittant à regret le feu de cheminée, je sors.
Quelques pas et : symphonie de couleurs, de chants d'oiseaux et de senteurs aussi. Dans toute cette variété de verts il y a l'ocre des noyers et des bourgeons de pins. Quelques coccinelles se promènent dur des feuilles, la mousse est douce et tiède.
Ma tête se vide un peu... Le regard change ; il traverse arbustes et feuillages et voit au-delà, vers des horizons nouveaux qui ne se limitent pas à des champs de maïs.
En ce mois de mai la campagne est dans toute sa magnificence. On sent qu'elle peut guérir de bien des maux...

samedi 10 mai 2014

Nourritures

Nourritures... Nourritures terrestres. Boissons célestes.
Je hume cette odeur particulière du plat qui mijote et je salive.
Mon palais perçoit à l'avance la saveur, la chaleur fruitée du vin qui accompagnera le repas.
La table est prête, vêtue d'une nappe très blanche, comme pour un repas de noces. Les convives s'approchent, s'assoient, heureux du partage qui s'annonce.
Un repas comme beaucoup d'autres.
Un repas, aussi, qui peut tout changer, comme dans le film "le festin de Babette" :
Je n'ai donc rien d'autre à ajouter, sinon :
à votre santé !

Sentir...

Paume de ma main sur la feuille verte et fraîche qui se déploie. Paume de ma main sur ta peau. Plaisir d'une caresse, ouverture au monde.
Ce monde je le vois, je l'entends, je le respire, je le touche. J'entends aussi, je sens ce qui est en moi, tout au fond de moi : j'avais oublié...
Retrouvailles avec un paradis perdu ? – Je ne sais... peu importe. Dehors, dedans, tout est beau, tout est bon. Oublier le monde d'avant qui n'était que du vent...
Tout à réapprendre ? – Non, car c'est là. C'est tout simple, après tout...

dimanche 6 avril 2014

Tout est vide

Tout est vide. Il n'y a plus rien. Je n'y comprends plus rien. Je regarde autour de moi : rien.
Moi et rien. Situation bizarre : je n'y suis pas du tout habituée, je n'y suis pas préparée.
Que faire ? Je tends la main pour attraper ce qui n'existe pas, puis mon bras s'abaisse, inutile...
Rien à l'extérieur, voyons à l'intérieur. Là, ça bouge beaucoup : sentiments, désirs, angoisse, peur panique, élan fou vers dehors, mais...
Dedans, dehors... où est le pont entre les deux ? et qu'est-ce que ça peut changer ?
Le vide, le plein...
Voilà, je le retrouve, le plein ! Il est dans l'air, il est dans les arbres, il est dans le chant du rossignol. Je dis le chant du rossignol car je n'ai par encore entendu celui du merle moqueur. Le merle moqueur chantait au temps de la Commune, encourageant tous ceux qui érigeaient des barricades. Là aussi il y avait un plein... un plein d'espoirs, un plein de rêves. Ma grand-mère me l'a raconté. Ma grand-mère me racontait tout ; j'aimais ça... "Alors, grand-mère, comment faisiez-vous pendant le siège de Paris ?" " – Ma petite fille, que je t'explique... C'est vrai que nous avons mangé du rat. Ce n'était pas très évident, mais, ma foi, bien cuit... ! Et puis il y a eu le jour où la girafe du Jardin d'Acclimatation a été tuée pour nourrir les Parisiens."
Et moi, dans ma tête : "C'est vrai que, dans le cou d'une girafe on peut découper pas mal de morceaux !"
Et voilà ! le plein n'est plus seulement dans les arbres et le chant des oiseaux mais aussi dans les souvenirs égrenés par une grand-mère, la mienne, qui était à Paris en 1870.

samedi 5 avril 2014

Brume

Brume sur toute la campagne. Tout est enveloppé. C'est doux, c'est cotonneux.
Au sein de tout cela : grésillements, chuchotements. Je m'approche tout doucement de toi. Je te murmure ce que j'ai si longtemps tu. Je te parle et tu m'écoutes, je sais que tu m'écoutes et j'accueille ta respiration, j'accueille ton souffle. Il est chaud et me fait du bien.
Dans cette brume s'éveille tout l'indicible du monde et l'impossible devient possible.
J'ai envie de pleurer, je ne sais pas si c'est de souffrance ou de joie... de joie sans doute.
Brume nécessaire à l'essentiel, lieu de toutes les germinations.
Mon coeur chante. Mon coeur est nouveau. Ma blessure saigne. Gouttes de sang qui se transforment en perles. Le monde aussi est nouveau. Il y a eu comme un éclair et tout s'est renversé. Alors je marche à tâtons sur ce chemin que je ne connais pas. Où donc est-ce que je vais ? — Je ne sais pas : peu importe. Je marche.
Soudain un lièvre débouche d'une futaie. Il sait où il va ; moi je ne le sais pas ; je le suis...

dimanche 16 mars 2014

Désinstallation

Qui suis-je pour juger ? C'est vrai : je m'installe commodément dans ce que je pense être mon statut de juge. C'est confortable. Je suis comme le vieux hibou tout en haut du moulin. De là il domine le monde, le vieux hibou.
Mais je remarque qu'il est tout poussiéreux, d'une poussière qui est peut-être celle de sa soi-disant supériorité, de sa soi-disant sagesse.
Oh non, je n'ai pas envie d'être comme ce vieux hibou ! Je préfère les petits lapins. Après s'être enfuis j'aime à penser qu'ils reviendront, se réinstalleront, s'assiéront en rond autour du nouveau propriétaire et l'écouteront raconter ses histoires, frémissant du bout de leur petit nez.
Les ailes du moulin tournent. Une chèvre bêle au loin. Encore plus loin, est-ce un loup qui a hurlé ?
L'air de Provence est tout embaumé des senteurs du thym, du serpolet, d'une touche de lavande.
Oui, l'air est chaud. Je ne sais plus si je suis un vieux hibou ou un petit lapin, peu importe : je m'étends de tout mon long dans l'herbe sèche et je m'endors...

dimanche 9 février 2014

Silence

Silence... plus que le frottement des stylos sur les feuilles de papier et plus que le vague grésillement du feu dans la cheminée.
Silence... enfin ! Lentement, très lentement, il voudrait s'infiltrer en moi. Suffit que je le laisse faire. Difficile : pas l'habitude. Et pourtant... en voici une, une toute petite vague de silence. J'ose lui frayer un passage et je sens, si peu que ce soit, que ça s'allège en moi et surtout, surtout que c'est si simple...
Ce silence est là entre nous, au-dessus de nous. C'est inhabituel. Nous avons tellement l'habitude de parler entre nous, d'échanger... Et voilà que l'échange se fait, mais autrement.
J'ai l'impression que nous pénétrons dans un monde nouveau qui fait du bien et qui apaise.
Du coup je n'ai plus rien à dire et je me retire à l'abri de tout regard extérieur !!!!